
Avis des élus NEPI exprimé lors du conseil municipal du 6 février 2025
En préambule, nous souhaitons préciser que nous sommes bien évidemment conscients des enjeux environnementaux majeurs et pleinement favorables à la mise en place d’actions ambitieuses pour la préservation de notre environnement et l’amélioration de la qualité de vie de tous les habitants. Nous estimons que pour qu’elle soit efficace toute stratégie en matière de mobilité doit concilier transition écologique et réalités territoriales.
Le Plan de Mobilité des territoires lyonnais présenté par SYTRAL Mobilités se veut ambitieux et porteur d’une transformation radicale des modes de transport dans la Métropole de Lyon et ses territoires environnants.
Cependant, cette stratégie repose davantage sur des considérations dogmatiques que sur une analyse pragmatique des besoins et des contraintes réelles des habitants et des acteurs économiques du territoire.
1. Une approche idéologique et dogmatique
Ce plan repose sur l’idée de diviser par deux l’usage de la voiture individuelle, au point de vouloir en réduire la part modale de 48 % en 2015 à seulement 23 % en 2040. Or, cette approche fait abstraction des réalités de nombreux habitants, notamment ceux des zones périurbaines et rurales pour lesquels l’utilisation de la voiture est une nécessité plus qu’un choix.
Cette volonté de décroissance automobile se traduit par une multiplication de mesures coercitives (diminution des places de stationnement, réduction des voiries accessibles aux voitures, instauration de zones à faibles émissions contraignantes), sans alternative réaliste et efficace pour les usagers. Cette politique punitive risque d’augmenter la fracture territoriale et sociale.
2. Une prise en compte insuffisante des réalités territoriales
La métropole de Lyon et les 11 intercommunalités concernées par ce plan présentent une grande diversité socio-géographique. Or, ce plan est avant tout conçu pour un cadre urbain et dense, sans considération suffisante pour les territoires périurbains et ruraux où les offres de transport public restent limitées, voire inexistantes.
Les solutions proposées (covoiturage, vélo, transports en commun) sont difficilement applicables à l’ensemble des habitants de notre commune. La multiplication des pistes cyclables et la priorité donnée aux modes actifs ne peuvent répondre aux besoins de mobilité quotidienne de nombreuses catégories de population (travailleurs en horaires décalés, artisans, familles nombreuses, personnes âgées, etc.).
L’offre de transport proposée (lignes pour irriguer la totalité du territoire, liaisons intercommunales, cadencement des lignes existantes…) est insuffisante pour Irigny.
3. Un manque de solutions de substitution
Si l’ambition de développer les transports en commun est louable, elle repose sur des projections optimistes et une mise en œuvre incertaine.
Le plan ne garantit pas que les infrastructures nécessaires (extensions de lignes de métro et tramway, augmentation des fréquences, amélioration de l’intermodalité, création de parkings relais suffisamment dimensionnés) seront réalisées dans les délais et avec les financements requis. L’explosion des coûts de certains projets (exemple : le prolongement du métro B) suscite des doutes sur la viabilité budgétaire du plan.
Par ailleurs, le report modal massif escompté vers le vélo et la marche est illusoire dans un territoire aux distances et contraintes variées. L’augmentation des trajets à vélo d’un facteur 10 d’ici 2040 repose sur une surévaluation de la capacité des habitants à modifier leurs habitudes de déplacement.
L’axe consistant à réduire les distances parcourues est un objectif louable et primordial. Mais il s’agit là d’un objectif à très long terme car nécessitant un changement urbanistique du territoire pour densifier l’habitat et remettre les lieux de travail proches des lieux de vie. Etant donné le coût de l’immobilier, la tendance actuelle est plutôt l’inverse, les habitants s’éloignent de plus en plus de leur lieu de travail.
4. Une mise en œuvre pouvant aggraver les difficultés des habitants et des entreprises
Une réduction trop brutale de l’usage de la voiture sans solutions alternatives viables risque d’avoir des impacts négatifs sur le quotidien des habitants et l’activité économique :
• Une dégradation du cadre de vie pour ceux qui dépendent de leur voiture, avec une augmentation du temps de trajet et des difficultés accrues de stationnement.
• Une mise en péril de l’activité économique dans certains secteurs (commerce, artisanat, logistique), en raison des contraintes imposées aux déplacements professionnels et aux livraisons.
• Un risque d’accroissement des inégalités territoriales entre les zones bien desservies par les transports en commun et celles qui restent dépendantes de la voiture
5. Une planification budgétaire incertaine
Le coût total de mise en œuvre de ce plan nous semble sous-évalué et les sources de financement ne sont pas clairement identifiées. Les risques de dépassements budgétaires sont réels et pourraient conduire à des arbitrages budgétaires qui viendraient amoindrir d’autres politiques publiques essentielles.
En conclusion :
Nous partageons l’objectif d’une transition écologique des mobilités, mais celle-ci doit être menée avec pragmatisme. Ce plan repose sur une vision punitive de la voiture et des projections optimistes en matière de report modal.
Une réforme des mobilités doit être progressive, adaptée aux spécificités locales, et réaliste en termes d’alternatives et de financement.En l’état actuel, ce plan présente trop d’incertitudes et de contradictions pour être soutenu.
Les élus du groupe Nouvel Elan pour Irigny émettent donc un avis défavorable.
Les 6 élu(e)s de la liste Nouvel Elan pour Irigny
contact@nouvel-elan-irigny.net
Source image : Google Maps